Étude : Analyse des sites Web des centres de crise de grossesse au Canada
18 mai 2016 – La Coalition pour le droit à l’avortement au Canada a publié une étude qui a examiné tous les sites Web des centres de crise de grossesse (CCG) du pays. Les résultats montrent que la plupart de ces derniers donnent de la mauvaise information concernant l’avortement et les problèmes en matière de santé sexuelle ou ne divulguent pas leurs croyances religieuses ni leur opposition à la liberté de choix ou ne mentionne pas qu’ils ne sont pas des cliniques.
Pour voir l’étude, cliquez sur ce lien :
Review of « Crisis Pregnancy Center » Websites in Canada (PDF, 51 pages) (seulement en anglais). Quelques éléments clés de l’étude sont présentés plus bas.
Lisez notre communiqué de presse en cliquant sur ce lien : (seulement en anglais)
Voir la feuille de calcul Excel affichant les données de tous les sites des centres de crise de grossesse (seulement en anglais).
Auteurs : Joyce Arthur, Rebecca Bailin, Kathy Dawson, Megan Glenwright, Autumn Reinhardt-Simpson, Meg Sykes, et Alison Zimmer.
Remerciements tout particuliers à notre groupe de 19 bénévoles énumérés à la page 4.
Citation pour l’étude :
Arthur J, and Bailin R, Dawson K, Glenwright M, Reinhardt-Simpson A, Sykes M, et Zimmer A. Mai 2016. Review of « Crisis Pregnancy Centre » Websites in Canada. (Analyse des sites Web des centres de crise de grossesse au Canada). Coalition pour le droit à l’avortement au Canada. Pour de plus amples renseignements : info@arcc-cdac.ca.
Certains aspects saillants ressortis de l’analyse sont présentés ci-après.
Sommaire :
Les centres de crise de grossesse sont des agences anti-choix qui se présentent comme des cliniques de santé impartiales ou des centres de conseil dont le soi-disant but est d’informer les femmes de manière objective sur les options qui s’offrent à elles lorsqu’elles tombent enceintes par accident. Toutefois, ces lieux ne sont pas des centres médicaux; la plupart sont des organismes chrétiens qui, en général, ne conseilleront pas l’avortement ou la contraception aux clientes. Plusieurs d’entre eux font de la désinformation, notamment en stipulant l’existence d’un syndrome post-avortement, qui n’est pas un état médicalement reconnu. Ces centres au Canada ne sont pas actuellement réglementés.
La présente étude de la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada (CDAC) a répertorié 180 centres à travers le pays, dont 166 avaient des sites Web. Étant donné que certains centres partagent un même site Web, 100 sites Web uniques ont été analysés pour connaître ce qu’ils propagent en ligne et trouver des exemples de désinformation ou des indications de messages trompeurs. Les découvertes révèlent qu’une vaste majorité des 166 centres font l’une des choses suivantes, ou les deux : 1) diffuser de l’information inexacte ou trompeuse à propos de l’avortement, la contraception, les maladies transmises sexuellement, les activités sexuelles ou l’adoption; ou 2) se représentent faussement, soit en ne révélant pas le fait qu’ils ne conseillent pas l’avortement, ou en cachant leur position religieuse aux clientes potentielles. Nous recommandons que les centres de crise de grossesse au Canada soient réglementés, de manière à ce qu’ils aient l’obligation d’être transparents et de donner des informations médicales justes, avec pour objectif de protéger la santé publique et respecter les droits des patientes qui sollicitent des soins de santé.
Aspects saillants des résultats
Nous avons trouvé dans notre analyse des sites Web de 166 centres de crise de grossesse que :
- 60 % (99) ne disent pas qu’ils ne donnent pas de conseils sur l’avortement ou la contraception;
- 5 % (8) font un lien entre l’avortement et le cancer du sein, ce que la science a démenti;
- 9 % (15) parlent de risques reliés à l’avortement qui sont exagérés ou n’ont pas été prouvés scientifiquement;
- 48 % (79) mentionnent des conséquences psychologiques négatives, particulièrement dans le cas du « syndrome post-avortement », qui n’est pas médicalement reconnu;
- 7 % (12) prétendent que la contraception artificielle n’est pas fiable, tandis que 5 % (8) donnent des informations fausses ou trompeuses au sujet de la contraception ou des infections transmises sexuellement;
- 24 % (39) font la promotion de l’abstinence sexuelle comme la solution idéale pour les femmes non mariées;
- 28 % (47) mettent exagérément l’emphase sur l’adoption, aux dépens des autres options possibles
- 96 % (159) révèlent leur affiliation ou leur visée religieuses, mais seulement 24 % (39) sont transparents et francs à ce sujet;
- 33 % (55) n’avisent pas le public qu’ils ne sont pas des centres médicaux ou que les clientes devraient consulter un docteur pour obtenir des services de santé;
- 35 % (59) ou plus offrent un programme d’éducation sexuelle aux jeunes ou aux écoles locales et communautés; parmi ceux-là, au moins 68 % (40 des 59) dispensent des programmes dans les écoles, incluant les écoles publiques.
- De plus, 68 % des 180 centres de crise de grossesse que nous avons recensés (122) avaient le statut d’œuvre de charité.
Conclusion et recommandations
L’étude menée reconnaît la nécessité des centres de crise de grossesse (CCG) du Canada à faire preuve de plus de transparence et de professionnalisme parce qu’ils prétendent aider et conseiller les femmes au sujet de leur santé en toute objectivité en leur présentant toutes les options possibles, pourtant ils donnent souvent de l’information médicale inexacte, voire dangereuse. Cette recommandation risque de nécessité une réglementation avant d’être appliquée puisque la plupart des CCG du Canada ne risquent pas de se réformer volontairement en raison de leurs convictions religieuses d’antiavortement.
Dans deux rapports concernant les CCG au Québec (Gonin et al. 2014, p. 144; FQPN 2014, pp. 39-40), les auteurs recommandent qu’un site Web conçu par le gouvernement fournissant des conseils impartiaux et de l’information scientifiquement fondée devienne un outil de référence centralisé pour les femmes et les praticiens. Cela aiderait à diminuer les impacts négatifs causés par la mauvaise information fournie par les CCG. Aussi, les mêmes auteurs recommandent de mettre en place une formation en ligne pour les conseillers bénévoles qui accompagnent les femmes qui se trouvent face à une grossesse non désirée. Toutes ces mesures serviraient à répondre à un standard professionnel minimal et à protéger la santé publique. Les résultats de notre étude nous mènent aux recommandations suivantes – avec la réserve qu’elles ne s’appliquent pas nécessairement à tous les CCG :
- Établir un avis de divulgation au palier municipal et provincial — par exemple, obligeant les CCG d’afficher clairement dans leurs locaux et sur leurs sites Web qu’ils n’offrent aucune référence à des services d’avortement ou de contraception, qu’ils ne sont pas des établissements médicaux et qu’ils sont des organismes chrétiens opposés à l’avortement.
- S’assurer que les CCG ne sont pas financés par des fonds publics.
- Révoquez le statut d’organisme de bienfaisance obtenu par certains CCG en raison de l’information tendancieuse qu’ils fournissent aux clients.
- Ne pas permettre aux CCG d’enseigner l’éducation sexuelle dans les écoles publiques.
- Ne plus donner en référence les CCG dans les bureaux de médecins, les cliniques, les hôpitaux et les organismes de services sociaux.
- Nous devons sévir contre la publicité mensongère des CCG puisqu’ils ne fournissent pas un service d’accompagnement professionnel et objectif; ils donnent de l’information médicale inexacte sur l’avortement et la contraception; et leurs conseillers ne sont pas bien formés ni enregistrés.